Début mai marque le début d’un nouveau séjour de trois semaines dans le nord de l’Espagne. Après notre aventure en Thaïlande, nous avons opté pour une destination moins exotique mais tout aussi fascinante. À bord de notre fidèle 206+, nous avons parcouru plusieurs milliers de kilomètres, en quête de magnifiques randonnées et de nombreux oiseaux.

Depuis le sud de la France, nous avons commencé notre voyage dans la Sierra de Guara, parc naturel aux nombreux canyons. Après une étape de 3 jours, nous avons poursuivi directement jusqu’à la côte basque puis cantabrique avant d’arriver jusqu’aux Asturies. Nous sommes restés une semaine dans les Asturies, à la recherche de l’ours brun puis nous avons fait cap sur les lagunes de Villafáfila. Après, une brève étape au sud de Valladolid, à la recherche d’un oiseau spécifique, nous avons terminé notre voyage aux steppes de Belchite dans la province de Saragosse.

Sierra de Guara : Vautours autour des champs de coquelicots

Première étape de notre long périple : la Sierra de Guara ! Situé au nord de la ville de Huesca, ce parc national de 80 000 hectares est connu pour être un paradis pour les amateurs d’escalade et de canyoning. Mais qui dit escalade, dit falaise, et qui dit falaise dit vautour. C’est donc pourquoi nous avons passé quelques jours dans la zone à la recherche des différentes espèces de vautours. En ce début de mois de mai, le lieu est idyllique. Il y a très peu de monde, et les paysages sont particulièrement fleuris. Vous pourrez y voir des champs de coquelicots s’étendant à perte de vue, ce qui ajoute une jolie touche de couleur.

Il n’y pas de zone spécifique pour chercher les oiseaux. Depuis n’importe quel village et n’importe quel sentier, il est possible d’observer une multitude d’oiseaux différents. Vous pouvez choisir un chemin de randonnée qui vous convient pour pouvoir profiter pleinement de cet endroit.

Sinon, je vous conseille particulièrement cet itinéraire, proposé par la région Aragon, à faire en voiture avec plusieurs étapes. Parmi elles, les plus marquantes sont :

  • Le village d’Alquezar
  • La curiosité rocheuse du Salto de Roldan
  • Le barrage de Vadiello

Les oiseaux de la Sierra de Guara

Impossible de lister tous les oiseaux de la zone mais les plus marquants sont les vautours avec trois espèces présentes : vautour fauve (Gyps fulvus), vautour percnoptère (Neophron percnopterus) et gypaète barbu (Gypaetus barbatus). Assez facile à observer puisqu’il suffit de lever la tête et d’attendre le passage de l’un d’entre eux. Même au milieu des villages, on peut faire de très jolies observations. On peut également voir d’autres rapaces comme l’aigle royal (Aquila chrysaetos), l’aigle de Bonelli (Aquila fasciata) ou le faucon pèlerin (Falco peregrinus).

Côté passereaux, suivant la période, on y retrouvera de nombreuses fauvettes : fauvette passerinette (Curruca iberiae), fauvette pitchou (Curruca undata), fauvette mélanocéphale (Curruca melanocephala), fauvette à tête noire (Sylvia atricapilla) et fauvette orphée (Curruca hortensis). L’étourneau unicolore (Sturnus unicolor) est présent dans la zone à la place de son cousin le sansonnet. D’autres migrateurs comme les guêpiers d’Europe (Merops apiaster) ou la huppe fasciée (Upupa epops) sont assez faciles à observer.

Nos hébergements dans la Sierra de Guara

Notre choix d’hébergement pour ces quelques jours dans la Sierra de Guara s’est porté sur les gîtes suivants :

  • Rincon de Guara : Chambre dans un gîte du petit village de Bierge. Petit déjeuner correct dans un endroit paisible et très mignon. (Moins de 60€)
  • Casa Salto de Roldan : Chambre spacieuse avec un petit déjeuner exceptionnel. A proximité du départ du rocher Salto de Roldan. (Moins de 60€)

Asturies : Entre mer et montagne

Petite halte en Cantabrie

Les Asturies, notre principale destination pour ce voyage, est l’endroit où nous allons rester le plus longtemps. Ce qui nous a fait choisir les Asturies, c’est la possibilité d’y voir un animal un peu plus poilu et plus gros qu’un oiseau. Vous en saurez un petit peu plus plus ci-dessous… Mais avant d’arriver dans les Asturies, nous avons longé la côte et fait une halte dans les « Marismas de Santoña ». Ce sont des immenses marais en bord de mer et un paradis des oiseaux en hiver. Il n’en restait, malheureusement, que très peu durant ce mois de mai. Pour découvrir ces marais, il y a plusieurs sentiers pédestres depuis la ville de Santoña et les villages alentours ainsi que de nombreux observatoires. Vous pouvez allez visiter le centre d’interprétation du parc national dans le port de Santoña pour avoir plus d’informations.

Nous avons également fait plusieurs arrêts sur le bord de mer, dans de petites plages et villages comme San Vincente de la Barquera.

Découverte des Pics d’Europe

Après cela direction, los Picos de Europa pour plusieurs randonnées exceptionnelles dont la Ruta del Cares ou les lacs de Covadonga. Elles sont toutes les deux plutôt accessibles et assez faciles. De nombreuses autres randonnées sont possibles dans ce parc national, pour tous les niveaux de difficultés !

Après la partie montagneuse de quelques jours dans les Pics d’Europe, nous avons remonté les Asturies pour retourner en bord de mer, à Villaviciosa puis Gijón. Assez pauvre en oiseaux à cette période. Cette zone ne restera pas dans les annales du voyage.

Parc national de Somiedo

La principale raison de notre venue dans les Asturies se trouve dans le parc naturel de Somiedo. C’est un endroit assez favorable à l’observation d’un mammifère à cette période (même si rien n’est une certitude). Il s’agit bien sûr de l’ours brun de Cantabrie !

C’est l’endroit dédié à l’ours en Espagne. Plus de 40% du territoire du parc est protégé et interdit d’accès pour les humains afin de préserver les ours. A Pola de Somiedo, vous trouverez le centre du parc pour avoir de nombreuses informations sur les ours.

Nous avons donc passé plusieurs jours dans ce parc, alternant randonnées et tentatives d’observations. Après quelques discussions avec les locaux et d’autres observateurs, nous avons eu connaissance d’un endroit où se poster pour tenter de les voir. Munis de nos jumelles et de notre longue vue, nous nous avons pu observer les ours, sans les déranger, de l’autre côté de la vallée. Une expérience inoubliable…

Vous avez également la possibilité, si le temps vous est compté, de faire appel à une société éthique comme Somiedo Experience pour en savoir plus sur cet imposant mammifère et tenter de l’observer avec des guides passionnés.

Les oiseaux des Asturies (et de Cantabrie)

Sur la côte, il est possible de voir de nombreux limicoles et oiseaux pélagiques. De très nombreux oiseaux passent l’hiver ici mais il en restait très peu quand nous y étions au printemps. Nous avons pu voir, par exemple, quelques barges à queue noire (Limosa limosa), barges rousses (Limosa lapponica), des grands gravelots (Charadrius hiaticula) et quelques bécasseaux. A refaire en hiver !

Un peu plus en altitude, on retrouve des passereaux sympathiques comme la niverolle alpine (Montifringilla nivalis), l’accenteur alpin (Prunella collaris), le monticole de roche (Monticola saxatilis) ou encore le tichodrome échelette (Tichodroma muraria). D’autres passereaux, un peu plus communs, sont également très présents. Ainsi, la linotte mélodieuse (Linaria cannabina), le tarier des prés (Saxicola rubetra), le bouvreuil pivoine (Pyrrhula pyrrhula) ou le bruant jaune (Emberiza citrinella) ont montré le bout de leur bec à de nombreuses reprises.

Nos hébergements dans les Asturies

  • Camping El Regaton : Camping dans la ville de Laredo. Il y a la possibilité de louer un appartement au cœur des marais de Santoña.
  • Arcea Hotel Mirador de Cabrales : Au pied du départ de la randonnée Ruta del Cares, c’est une excellente alternative si l’Hostal Poncebos est complet. Il est inutile de loger ici si vous ne faites pas cette randonnée.
  • Hôtel El Trasgu : Un excellent hôtel à bas prix, à proximité de Canga de Onis. Idéalement situé pour visiter les Pics d’Europe.
  • Casa de Isu : Perché en haut de Villaviciosa, cette petite maison est très originale et atypique.
  • Ibis budget Oviedo : Une alternative économique et confortable pour passer une journée à Oviedo.
  • Casona de Lolo : Appartement très bien équipé dans un tout petit village de Somiedo. Un point d’observation des ours est situé à moins de 100 mètres de l’appartement. Parfait pour découvrir le parc de Somiedo. Il est à 5 minutes de Pola de Somiedo avec de nombreuses commodités.

Lagunes de Villafáfila : le paradis des outardes

Avant d’entamer le trajet retour de notre voyage, nous sommes descendus un peu plus au sud en province de Castille et Léon dans la réserve naturelle des lagunes de Villafáfila. Cet endroit, très plat est assez peu peuplé. On y retrouve énormément de champs cultivés de céréales. Composée de trois lagunes, cette zone humide rassemble des oiseaux de toutes sortes tout au long de l’année et particulièrement en période de migration. Parmi ces oiseaux, il y en a un qui se démarque : la grande outarde (aussi appelée outarde barbue). Un vrai dinosaure, c’est l’un des plus gros oiseaux volants (envergure jusqu’à 260 cm). C’est aussi l’emblème de cette réserve puisqu’il s’agit de l’endroit dans le monde où on retrouve le plus d’individus de cette espèce.

Les oiseaux de Villafáfila

L’outarde barbue (Otis tarda), aussi appelée grande outarde, est l’oiseau le plus emblématique de Villafafila. Assez facile à voir, vu leur taille imposante, mais pas facile à approcher car elles sont assez farouches.

Mais ce fut un vrai plaisir d’avoir pu observer plusieurs dizaines d’autres oiseaux. La réserve a installé de nombreux nichoirs qui profitent à de nombreuses espèces comme les faucons crécerelles (Falco tinnunculus) et crécerellettes (Falco naumanni), les choucas des tours (Coloeus monedula) mais aussi quelques rapaces nocturnes comme les chevêches d’Athéna (Athene noctua) ou les Effraies des clochers (Tyto alba). Les zones agricoles permettent aussi la nidification du hibou des marais (Asio flammeus). Nous avons pu voir jusqu’à 5 individus au même endroit. Côté rapaces diurnes, on n’est pas en reste. Beaucoup de milans noirs (Milvus migrans), milans royaux (Milvus milvus) et aigle botté (Hieraaetus pennatus).

Il s’agit d’une zone avec beaucoup d’oiseaux nicheurs comme les guêpiers d’Europe (Merops apiaster), les trois espèces de moineaux (domestique, friquet et soulcie). Dans les lagunes, on retrouve beaucoup de canards et de nombreux limicoles mais je ne peux pas tous les citer.

Notre hébergement pour Villafáfila

  • Hôtel Altejo : Option économique avec un petit déjeuner pour profiter des lagunes à moins de 10 minutes de route.

Petite halte dans les pinèdes de Valladolid pour la pie-bleu ibérique

Si vous regardez sur Google Maps à quelques kilomètres au sud de Valladolid, vous verrez d’immenses zones vertes. Il s’agit de très vastes pinèdes. Etant à seulement 1h de route des lagunes de Villafáfila, nous avons effectué un petit crochet pour y voir un oiseau spécifique que l’on ne peut pas observer en France : la pie-bleu ibérique (Cyanopica cooki). Tout autour de la rivière Duero, c’est une des zones les plus propices à son observation dans le nord de l’Espagne.

Nous n’avons pas dû attendre beaucoup pour en observer. Immédiatement après s’être garé au bord de la pinède, les premières pies-bleus se font entendre. En bande de plus d’une dizaine d’individus, elles se baladaient de pin en pin tout en étant des plus bruyantes. Assez farouches, elles ne s’approchent jamais vraiment très près mais il a quand même été possible de prendre quelques photos.

Au sud de Saragosse : steppes arides de Belchite

C’est la dernière étape de notre voyage, une zone de steppes arides au sud de Saragosse. Après 4h de route de Valladolid, nous nous arrêtons pour passer la nuit à Mezalocha, au bord d’un charmant barrage. Après cela, direction la réserve naturelle El Planerón. Une réserve ornithologique créée au début des années 90 pour conserver l’écosystème steppique et ses nombreux oiseaux. Mis à part la ville de Saragosse, l’endroit n’est pas du tout touristique.

Dans cette zone, j’ai eu l’occasion de louer un affût au bord d’un point d’eau. Cela permet une proximité assez incroyable avec de nombreux oiseaux sans les déranger. Aucune nourriture n’est donnée pour les attirer. C’est le petit point d’eau artificiel qui permet de les accueillir.

Les oiseaux de Belchite

Sur les parois rocheuses qui entourent le barrage de Mezalocha, nous avons pu voir un petit oiseau qui a malheureusement disparu en France depuis plus d’une vingtaine d’années : le traquet rieur (Oenanthe leucura). Autour de lui, de nombreux martinets à ventre blanc (Tachymarptis melba) faisaient des rondes. Le vautour percnoptère (Neophron percnopterus) et de nombreux vautours fauves (Gyps fulvus) ont aussi été aperçus. Pendant la période propice, il est possible d’entendre le chant du Grand-duc d’Europe (Bubo bubo) la nuit.

Traquet rieur - Mezalocha - Mai 2024
Traquet rieur – Mezalocha – Mai 2024

Dans la réserve El Planerón, les stars des lieux ce sont les alouettes : alouette calandre (Melanocorypha calandra), calandrelle (Calandrella brachydactyla) et pispolette (Alaudala rufescens) sont assez communes. Nous avons aussi vu cochevis huppé (Galerida cristata) et cochevis de Thékla (Galerida theklae). Après l’avoir entendu à de nombreuses reprises avec son chant si caractéristique, le Sirli de Dupont (Chersophilus duponti) s’est aussi montré.

Dans l’affût, nous avons pu observer un beau groupe de Ganga cata (Pterocles alchata) mais nous n’avons pas eu de chance avec les Gangas unibandes (Pterocles orientalis) qui sont normalement aussi présents dans la zone.

Les hébergements

  • Casa rural El Pescador : Appartement très bien équipé à proximité du barrage de Mezalocha. Terrasse splendide avec une très jolie vue.
  • Pour Belchite, l’hôtel que nous avions choisi était catastrophique. Je vous invite donc à choisir votre hébergement !

Ce road trip ornithologique au nord de l’Espagne a été une super expérience. A quelque pas de chez nous, on a pu découvrir la richesse naturelle de la péninsule ibérique. Des champs de coquelicots dans la Sierra de Guara, des randonnées à couper le souffle, des immenses marais, des steppes arides, énormément de milieux différents pour des paysages magnifiques.

Chaque étape de ce voyage nous aura offert des rencontres fascinantes avec la faune sauvage. Nous aurons pu voir certaines espèces, que l’on ne peut pas voir en France, comme les grandes outardes, la pie-bleu ibérique ou encore le traquet rieur. L’observation de l’ours brun dans le parc de Somiedo aura également était mémorable. De nombreuses expériences et rencontres qui rendent ce voyage inoubliable.